Mon intervention sur les jeunes de la France rurale reflète le nouvel élan que connaissent les recherches sur les jeunesses rurales ces dernières années. Un intérêt nouveau, ou renouvelé, motivé entre autres par le mouvement des Gilets jaunes ou encore les revendications des paysan.nes, mais aussi par les réflexions sur les liens entre territoires, générations et vote d’extrême-droite (Cf. Durovic/Duvoux 2024).
Je me concentrerai en particulier sur le premier film de la jeune réalisatrice française Louise Courvoisier Vingt Dieux, récompensé par deux Césars en 2025. Non seulement ce film, dont l’histoire se passe dans le Jura, met en scène des jeunes « qui restent » (Coquard 2019), mais il aborde des problématiques récurrentes de la ruralité, notamment la précarisation de l’accès à l’emploi ou la question des rapports sociaux de sexe – cette dernière étant à mon sens abordée de manière tout à fait originale dans le film. Mais cette comédie dramatique, genre français par excellence, offre aussi et surtout des images d’une jeunesse pleine d’élan(s) et d’envie(s) malgré des conditions de vie compliquées, et met l’amitié et la solidarité au cœur des rapports entre les jeunes. A ces images qui refusent le misérabilisme correspond une approche qui ne se veut ni paternaliste, ni condescendante des « invisibles de la République » (Berlioux/Maillard 2019) que sont souvent les jeunes des espaces ruraux en France métropolitaine.
Nous réfléchirons dans une dernière partie aux réalisations didactiques envisageables à partir de ce sujet et de ce film.